Login

Les bergers se sentent en danger devant l'ours qui se rapproche

Après une nouvelle prédation, les trois bergers, Pere Fernandez, Mar Clotet et Fabrice Menet (ici aux côtés d'Eric Fournier, le président du groupement pastoral, de droite à gauche) ont parlé à une psychologue de la MSA, venue sur l'estive.

Trois bergers pyrénéens témoignent sur l'ours qui n'a plus peur et s'approche de plus en plus des hommes. Eux, s'estiment désarmés.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Citez-moi un autre métier qui n'a pas de moyen de protection ! », s'exclame Mar Clotet, bergère depuis cinq ans sur l'estive d'Arréou, à Seix, en Ariège. « On se sent en danger », témoigne-t-elle, aux côtés de Pere Fernandez, lui aussi berger de jour, et de Fabrice Menet, qui officie la nuit.

Ils insistent : « L'ours s'approche de plus en plus souvent près des hommes. Il attaque les brebis même quand on n'est pas loin. » Les expériences marquantes s'additionnent. La dernière concerne Mar : « Comme il faisait du brouillard, on a rassemblé les brebis. Tout à coup, les chiens de conduite se sont tétanisés, les cloches des brebis se sont arrêtées. J'ai entendu un grognement, je pense qu'il était à 15 mètres de moi. »

« Je le sens plus agressif »

La nuit, Fabrice Menet est plus prudent qu'auparavant. Lui qui dort dans une cabane à côté du troupeau, témoigne : « Quand j'entendais bouger l'année dernière, je n'hésitais pas à aller dans le troupeau pour faire fuir l'ours. Cette saison, je le sens plus méchant et agressif. Je le vois au comportement des brebis, elles sont en panique. »

Résultat : 43 brebis prédatées sur un troupeau de 1 720 ovins, sans compter les avortements, les brebis blessées qu'il faut parfois euthanasier, et celles qui « profitent moins ».

« On angoisse non seulement pour les bêtes, mais aussi pour nous. On est désarmés », poursuit Fabrice Menet. Pour faire face au prédateur, ils ont un pistolet à pétards à double détonation et... leur voix. La bergère ajoute : « Je ne pense pas qu'il nous attaquerait, mais il peut y avoir un accident, surtout si on se trouve entre l'ourse et son ourson. »

« On aime la faune sauvage, insiste Mar Clotet. On ne veut pas tuer les ours. Mais que l'Etat nous donne des moyens. » S'ils sont encore laissés seuls face à l'ours, les bergers s'interrogent : ils reviendront peut-être travailler sur cette estive l'année prochaine... mais après ?

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement